Pour imaginer les moteurs de demain, plus légers et moins énergivores, l’industrie aéronautique explore de nouvelles pistes scientifiques.
Safran et le CNRS ont choisi d’unir leurs forces dans un laboratoire commun baptisé ICARE, où les matériaux sont littéralement « écoutés » pour prédire leur comportement futur.
Face aux enjeux climatiques, concevoir un moteur performant ne se limite plus à l’ingénierie classique.
Il s’agit de repousser les limites des matériaux : les alléger, les renforcer et les rendre capables de résister à des températures extrêmes.
Lionel Marcin, expert en mécanique des matériaux chez Safran, résume le défi : « Nous sommes en recherche constante de nouveaux alliages, dans une optique de décarbonation. »
La fin des tests interminables
Traditionnellement, les essais de fatigue, indispensables pour évaluer la durée de vie des pièces, peuvent durer des mois.
Chaque matériau doit parfois subir des millions de cycles avant que ses limites ne soient atteintes. Le temps est donc un obstacle majeur à l’innovation rapide.
ICARE change la donne grâce à une approche originale : mesurer la très légère élévation de température d’un matériau soumis à des sollicitations cycliques.
Cette méthode, appelée « auto-échauffement », permet de capter une véritable signature thermique de la matière, révélatrice de son état interne.
Grâce à cette technique, ce qui prenait des mois peut désormais être évalué en quelques jours seulement, réduisant le temps des essais par un facteur 100.
Une décennie de collaboration scientifique
Le laboratoire ICARE est l’aboutissement de dix ans de coopération entre Safran et l’IRDL.
[#Communiqué de #presse 📣] Laboratoire commun ICARE : un partenariat scientifique entre l’@ENSTAParis et @Safran au service de l’étude de la durabilité des matériaux.
Lire le communiqué ➡️ https://t.co/Pcc6BcOHcD pic.twitter.com/wfZ97vUMxH
— Safran (@SAFRAN) September 18, 2025
Cette relation de confiance a commencé par des études exploratoires et s’est concrétisée par la création d’un laboratoire commun.
Aujourd’hui, une vingtaine de chercheurs et techniciens travaillent au sein du laboratoire, et six thèses sont déjà en cours.
Le programme scientifique d’ICARE se déploie autour de quatre axes principaux :
- Intégrité des surfaces : comprendre le comportement du matériau en cœur et en surface.
- Chargements complexes : reproduire les contraintes réelles en vol.
- Conditions extrêmes : tester les matériaux des turbines à haute température.
- Composites 3D : explorer les polymères et céramiques pour les moteurs LEAP et CFM RISE.
Former les talents de demain
Au-delà des recherches, ICARE joue un rôle clé dans la formation de nouveaux experts. Doctorants et ingénieurs travaillent main dans la main, devenant des passeurs entre la recherche académique et l’industrie.
Safran entend intégrer progressivement ces compétences dans ses propres laboratoires et chez ses fournisseurs, garantissant un transfert de technologie pérenne.
Une coopération vertueuse au service de la décarbonation
ICARE illustre parfaitement le potentiel des collaborations entre recherche publique et industrie.
En conjuguant excellence scientifique, innovation et formation, ce laboratoire contribue à rendre l’aviation plus durable. Comme le souligne Sylvain Calloch, directeur du laboratoire : « Chacun s’y retrouve, avec un grand respect mutuel. »
Cette approche pourrait inspirer d’autres secteurs où l’efficacité et la rapidité des tests matériaux sont cruciales, posant les bases d’une nouvelle ère pour l’innovation industrielle française.









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