La première batterie intelligente au monde est d’origine 100% française avec notamment le rôle clé de l’Institut Polytechnique de Grenoble

La première batterie intelligente au monde est d'origine 100% française avec notamment le rôle clé de l'Institut Polytechnique de Grenoble

Une voiture électrique sans chargeur, sans onduleur, et pourtant plus performante ?

C’est le pari fou que vient de relever un consortium franco-européen avec le projet IBIS (Intelligent Battery Integrated System).

Présenté sur une Peugeot E-3008 entièrement fonctionnelle, ce prototype inaugure une nouvelle ère pour les batteries lithium-ion.

Une première mondiale made in France

Fruit d’une collaboration entre Stellantis, Saft, plusieurs PME et trois laboratoires du CNRS, le projet IBIS a démarré en 2019 avec le soutien de l’ADEME.

L’objectif : concevoir une batterie “intelligente”, capable d’intégrer directement les fonctions habituellement assurées par des composants externes (convertisseur, chargeur, onduleur…).

Concrètement, cela signifie moins de pièces, un encombrement réduit et une architecture simplifiée, bref, des véhicules plus légers, plus autonomes et moins coûteux à produire.

Le rôle clé des chercheurs grenoblois

Au cœur de cette avancée, le Laboratoire d’électrochimie et de physico-chimie des matériaux et des interfaces (LEPMI), basé à Grenoble, a joué un rôle central.

Trois chercheurs (Jean-Claude Leprêtre, Yann Bultel et Pierre-Xavier Thivel) y ont conçu de nouveaux protocoles de recharge rapide adaptés à cette batterie inédite.

L’idée d’une batterie sans onduleur ni chargeur paraissait utopique il y a dix ans. Aujourd’hui, on a enfin la preuve que c’est possible, et que cela peut changer profondément la conception des véhicules électriques. Nicolas, 42 ans, ingénieur en électrochimie

Leur approche permet de contrôler individuellement chaque cellule de la batterie pour optimiser sa charge, prolonger sa durée de vie et éviter la surchauffe.

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Une innovation qui ouvre la voie à des véhicules plus sûrs et plus durables.

Une seconde vie déjà anticipée

Mais l’intérêt d’IBIS ne s’arrête pas à la route. Les chercheurs ont aussi pensé à la fin de vie des batteries, un enjeu crucial pour la filière.

Grâce à son architecture intégrée, cette technologie pourrait faciliter le réemploi des batteries dans le stockage stationnaire, notamment pour les énergies renouvelables.

Le LEPMI a mené une analyse complète du cycle de vie de cette batterie, confirmant ses bénéfices environnementaux et ses perspectives de recyclage simplifié.

De la recherche à l’industrialisation

Fort de ces premiers succès, le consortium a obtenu le feu vert pour une nouvelle phase, baptisée IBIS 2, soutenue cette fois par Bpifrance dans le cadre de France 2030.

Nous avons validé nos protocoles sur une cellule unique. La prochaine étape est de les déployer sur un module complet pour prouver la faisabilité industrielle. Yann Bultel, directeur adjoint du LEPM

Objectif : faire passer la technologie du prototype au stade industriel d’ici la fin de la décennie.

Une innovation stratégique pour la filière française

Au-delà de la prouesse technique, le projet IBIS incarne une ambition nationale : renforcer l’autonomie technologique de la France dans le domaine des batteries, secteur clé de la transition énergétique.

Cette avancée pourrait bien repositionner les acteurs français dans la course mondiale à la batterie du futur ( plus compacte, plus propre et plus intelligente).

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En somme, IBIS ne se contente pas d’optimiser la voiture électrique : elle repense la batterie elle-même, de sa fabrication à sa seconde vie. Une innovation qui pourrait, dans quelques années, devenir la norme sur nos routes.

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Antonin est journaliste spécialisé dans l’économie, les entreprises et les dynamiques du monde professionnel. Après quelques années passées en tant que responsable communication au sein d’un grand groupe industriel, il a choisi de mettre son expérience au service de l’information.

Habitué à décrypter les stratégies, les innovations et les transformations qui animent le tissu économique français, Antonin s’attache à rendre compréhensibles des sujets souvent perçus comme complexes.

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