L’annonce de la construction des premiers petits réacteurs modulaires britanniques dans le nord du Pays de Galles a déclenché un débat inattendu entre Londres et Washington.
Alors que le gouvernement veut relancer une filière nucléaire nationale en misant sur la technologie de Rolls-Royce, les États-Unis espéraient voir l’entreprise américaine Westinghouse décrocher le contrat.
Résultat : un projet stratégique, mais un début de tension diplomatique.
Une relance nucléaire qui divise Washington
Le site de Wylfa, sur l’île d’Anglesey, accueillera trois SMR produits par Rolls-Royce SMR.
Une décision présentée comme un choix industriel « souverain » par Londres, mais jugée décevante par l’administration américaine, qui aurait préféré exporter sa propre technologie.
As expected, the UK has chosen UK company Rolls Royce to build it’s SMRs. The first SMRs will be built on the Wylfa in north Wales. They’re also announced an effort to find sites for large reactors. Article link in reply. pic.twitter.com/sPWAnL6A7l
— James Hopf (@HopfJames) November 13, 2025
« Il existe des solutions moins chères et plus rapides », a déploré l’ambassadeur américain Warren Stephens, regrettant que le Royaume-Uni n’opte pas pour la voie américaine.
Pour autant, la décision britannique s’inscrit dans une stratégie plus large : relancer une industrie nucléaire nationale, réduire les émissions carbone et créer de nouveaux emplois dans des régions laissées en marge depuis des années.
Wylfa, un site chargé d’histoire
Le site gallois, qui a produit de l’électricité entre 1971 et 2015, a souvent été présenté comme l’un des lieux les plus prometteurs pour une nouvelle génération de réacteurs.
Après l’échec du projet porté par Hitachi en 2019, son avenir restait incertain.
Cette fois, le gouvernement a confirmé un investissement massif et la mobilisation de Great British Energy – Nuclear pour identifier d’autres sites potentiels, notamment pour des réacteurs de grande capacité.
Une technologie nouvelle, porteuse d’espoirs… et de critiques
Les SMR sont conçus pour être fabriqués en usine, puis assemblés sur site afin de réduire les coûts et accélérer la construction. Une promesse séduisante, mais encore expérimentale au Royaume-Uni.
Pour Rolls-Royce, c’est une avancée décisive : plus de 1 000 employés travaillent déjà sur cette technologie, qui pourrait également être déployée en République tchèque.
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Le syndicat Unite regrette l’abandon d’un projet de réacteur d’1 gigawatt, qui aurait selon lui généré plus d’emplois locaux.
De son côté, Washington pourrait peser sur les décisions à venir concernant les futures centrales, notamment en Écosse, où plusieurs sites sont encore à l’étude.
Une bataille de modèles plus qu’un simple contrat
Derrière ce bras de fer transatlantique se cache une question stratégique : quelle technologie doit dominer la nouvelle ère du nucléaire civil ?
Le Royaume-Uni parie sur une filière compacte, rapide et potentiellement exportable.
Les États-Unis, eux, défendent leurs réacteurs de grande puissance, soutenus par un contrat colossal signé récemment avec Westinghouse.
Vers un nouvel équilibre énergétique
Au-delà du débat diplomatique, cette décision marque un tournant pour les régions concernées. Le gouvernement promet des milliers d’emplois et des investissements massifs capables de redynamiser Anglesey.
Si la technologie tient ses promesses, le Royaume-Uni pourrait effectivement redevenir un acteur majeur du nucléaire européen.
Mais les interrogations demeurent : la filière SMR saura-t-elle prouver son efficacité et convaincre les partenaires internationaux ?
Pour l’instant, une chose est sûre : la course au nucléaire du futur ne fait que commencer.











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