Les recruteurs le constatent chaque jour : les candidatures “parfaites” affluent, mais manquent parfois de sincérité.
En 2025, une grande partie des CV et lettres de motivation qui circulent sur les plateformes d’emploi sont en réalité… générées par l’intelligence artificielle.
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Et si cette révolution technologique, censée fluidifier le marché de l’emploi, finissait par brouiller la rencontre entre talents et entreprises ?
Des candidatures plus lisses… mais moins vraies
Selon une analyse menée par Meteojob, l’un des principaux sites d’emploi français, moins d’un tiers des candidatures reçues aujourd’hui sont entièrement authentiques.
CV standardisés, lettres de motivation “clé en main”, réponses d’entretien formatées : l’IA s’est invitée à toutes les étapes du recrutement. Si ces outils permettent de gagner du temps, ils tendent aussi à uniformiser les profils.
Résultat : les recruteurs peinent à déceler la personnalité, la motivation ou la créativité derrière des candidatures qui se ressemblent toutes.
Dans un recrutement récent pour un poste de directeur marketing, une entreprise a reçu des dizaines de réponses identiques, générées à partir du même prompt ChatGPT.
Pour les professionnels des ressources humaines, la question n’est plus seulement de trier les bons profils, mais de distinguer les vraies personnes derrière les textes impeccablement rédigés.
L’illusion de la performance
Côté candidats, le recours à l’IA répond à une logique pragmatique : se rassurer, optimiser ses chances, franchir la première sélection automatique.
Mais cette efficacité apparente cache un revers : lors de l’entretien, le vernis s’écaille vite. Les recruteurs perçoivent le décalage entre le discours calibré du CV et la réalité du parcours.
Cette dissonance nourrit la frustration des deux côtés : perte de temps pour les recruteurs, désillusion pour les candidats.
L’IA, censée accélérer les rencontres, finit parfois par encombrer le marché de signaux contradictoires.
Repenser le recrutement : l’IA comme levier d’approfondissement
Pour Marko Vujasinovic, PDG de Meteojob et du groupe CleverConnect, il ne s’agit pas de bannir l’IA, mais de lui redonner sa place. L’enjeu n’est pas de remplacer l’humain, mais de mieux le comprendre.
Aujourd’hui, 90 % des candidats n’ont jamais de contact direct avec un recruteur.
L’intelligence artificielle pourrait justement permettre d’humaniser davantage ces échanges, en instaurant de véritables conversations automatisées (textuelles, vocales ou vidéo) capables de compléter les CV et de fluidifier les processus de sélection.
Loire-Atlantique: une cabine permet grâce à l’IA de créer son CV et de postuler à des offres d’emploi en dix minutes pic.twitter.com/s4iB09EWem
— BFMTV (@BFMTV) September 14, 2025
Ces “agents intelligents”, conçus par des experts RH, permettraient non seulement d’évaluer les compétences, mais aussi de répondre aux questions des candidats et d’enrichir leur expérience.
Restaurer la confiance dans le marché de l’emploi
Dans un écosystème saturé d’outils, une vérité demeure : la technologie n’a de valeur que si elle sert la sincérité des échanges.
Les recruteurs cherchent des personnalités, pas des clones. Les candidats veulent être compris, pas embellis.
“Si l’IA peut aider à formuler, seule l’authenticité permet de convaincre.”
L’avenir du recrutement passera donc par un subtil équilibre : utiliser la puissance de l’intelligence artificielle pour révéler les talents, sans effacer ce qui les rend uniques.
Parce qu’au fond, ce que recherchent les deux parties, ce n’est pas une candidature parfaite… mais une rencontre juste.





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