La France garantit 5,68 milliards d’euros pour le chantier de Sizewell C pour exporter son excellence nucléaire outre-Manche.
C’est une décision aussi stratégique que symbolique. Le 4 novembre 2025, le gouvernement français a confirmé une garantie d’État de 5 milliards de livres sterling (environ 5,68 milliards d’euros) via Bpifrance Assurance Export, pour soutenir la construction de la centrale nucléaire britannique Sizewell C, projet dans lequel EDF est un acteur clé aux côtés du Royaume-Uni.
Concrètement, cette garantie couvre les prêts accordés à Sizewell C par un consortium de 13 grandes banques, afin de sécuriser les contrats d’exportation d’EDF, Edvance, Framatome et Arabelle Solutions. En filigrane, c’est tout l’écosystème industriel français du nucléaire qui est ainsi propulsé à l’international avec un soutien de l’État assumé et structurant.
Sizewell C : un chantier stratégique pour Londres… et pour Paris
Prévue sur la côte est de l’Angleterre, la centrale de Sizewell C affichera une capacité de 3,2 gigawatts, soit l’équivalent de la consommation électrique de 6 millions de foyers britanniques. Elle s’inscrit dans le plan du Royaume-Uni de porter la part du nucléaire à 25 % de son mix électrique d’ici 2050, en complément des renouvelables.
Pour la France, ce projet est plus qu’un contrat d’exportation. C’est un démonstrateur à l’échelle industrielle du savoir-faire tricolore, et un moteur pour la décarbonation chez un partenaire stratégique. Comme le souligne le ministre Roland Lescure, ce projet “illustre la solidité du partenariat stratégique franco-britannique dans le nucléaire civil”.
6 milliards d’euros de retombées directes en France
Derrière les grandes annonces, les chiffres parlent. Grâce à Sizewell C, plus de 6 milliards d’euros de retombées économiques directes sont attendus en France, sans compter les effets indirects sur les ETI, PME et sous-traitants de la filière.
Framatome fournira les équipements de cœur du réacteur, Arabelle Solutions les turbines, Edvance les études d’ingénierie, et EDF assurera le pilotage industriel de l’ensemble. Ce chantier représente des années de charge de travail pour les sites français, du Creusot à Belfort, de Saint-Marcel à Lyon.
Une alliance industrielle franco-britannique
Si ce projet est avant tout britannique, il porte la marque d’un rapprochement industriel de haut niveau. La coopération autour de Sizewell C scelle une alliance nucléaire durable entre Paris et Londres, à un moment où l’Europe reconfigure ses équilibres énergétiques. Le Royaume-Uni, sorti de l’Union mais pas du jeu énergétique continental, choisit ici une technologie française éprouvée pour sécuriser sa production bas carbone.
Cette coopération dépasse les contrats : elle engage une logique bilatérale de long terme, au croisement de la souveraineté énergétique, de la lutte contre le changement climatique et du rayonnement technologique européen.

Une opération de financement orchestrée par les poids lourds de la finance
Le montage est à la hauteur du projet : 13 banques commerciales, dont BNP Paribas, HSBC, Société Générale, CaixaBank ou NatWest, ont structuré les prêts garantis par l’État français. Bpifrance Assurance Export agit au nom et pour le compte de l’État, en couvrant notamment les risques d’impayés, politiques ou climatiques.
SFIL, bras financier public, interviendra prochainement comme prêteur principal. Ce dispositif garantit la stabilité financière du projet, tout en envoyant un signal de confiance fort aux marchés. Il place également la France dans une position de leader du financement public-privé des infrastructures énergétiques majeures à l’échelle européenne.
La diplomatie économique par le nucléaire
À travers Sizewell C, la France montre que le soutien aux exportations peut être un levier de souveraineté industrielle et diplomatique. Ce n’est pas seulement une centrale : c’est un étendard pour la filière nucléaire française, qui cherche à se projeter à l’international après des années d’incertitudes internes.
Le nucléaire, souvent présenté comme un sujet exclusivement domestique, devient ici un outil d’influence technologique, économique et stratégique. Dans un contexte mondial de relance nucléaire, ce projet marque le retour en force du modèle français dans les grands appels d’offres étrangers.
Sizewell C en chiffres :
| Élément | Détail |
|---|---|
| Localisation | Suffolk, côte est de l’Angleterre (Royaume-Uni) |
| Puissance prévue | 3,2 GW (2 réacteurs EPR identiques à Hinkley Point C) |
| Partenaires français | EDF, Edvance, Framatome, Arabelle Solutions |
| Montant garanti par la France | 5 Mds £ (≈ 5,68 Mds €) |
| Retombées économiques directes en France | +6 Mds € (emplois, sites industriels, commandes) |
| Part des financements privés | 13 banques européennes + SFIL |
| Objectif énergétique du Royaume-Uni | 25 % d’électricité nucléaire dans le mix d’ici 2050 |
Source : Ministère de l’économie


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